Pensez-vous être quelqu'un de bien ? : la vision manichéenne, t'as bien peur de ne pas vraiment connaitre. T'as fait des conneries, t'as pas été très sage, t'étais pas non plus un chercheur d'emmerdes... bien qu'il t'a fallu un petit moment pour comprendre que provoquer n'était pas non plus la solution. Un gosse des rues p'tet un instant. T'as rien voulu gommer de tout ça, bien au contraire même si avec ton costard trois pièces griffé aujourd'hui, tu pourrais paraître pour un bon ange gardien de Wall Street. Là encore c'est un peu trop ironique, hein Jagg ? Mais il est vrai que sur ta gueule de loup vindicatif, t'aime jouer avec le feu. T'es pas quelqu'un de bien, t'es pas un mec du mal non plus. Tu t'en carres, en fait. Tu jures que par toi-même. Par Carter, ce frère de sang que tu t'es procuré. Et dans ce gamin qu't'as volontaire laissé grandir loin de toi parce que t'étais quand même un peu trop niais pour prendre réellement compte de son existence.
Ta dernière bonne action ? : Ce doggybag que t'as pris juste pour emmerder le serveur péteux de ce cinq étoiles, afin de le donner au p'tit vieux se réchauffant sur son carton de survie là-dehors. Le diner était dégueulasse. Oui, même avec des dollars en poche tu préfères les kebabs monstrueux de Jamel et les donuts de Wendy’s !
Tes plus gros pêchés ? : ton adoration au
rhum devrait être un problème, mais tu préfères l'ignorer. c'est mieux. même si tu préfères ne pas parier sur l'agencement du stock de l'inventaire du nightclub aux vues de tes consommations persos. t'es pas forcément alcoolique mais tu peux avoir la main lourde quelquefois, et donc cela t'entraine dans des états un peu extrémistes selon les conditions dans lesquels tu évolues à l'instant T.
biker un jour, biker toujours. C’est p’tet la seule chose que tu te vantes d’avoir reçu de ton paternel en héritage. Paraît qu’ta famille a toujours mis les mains dans le cambouis… pas qu’les tiennes tu les trouvais trop propres, mais tu les réserves à ta seule bécane et aux jolies courbes de carrosseries bien en chair cette fois. Des roadtrips de plusieurs jours, des virées nocturnes, du crissement de pneu ou vrombissement des cylindres… t’emmerde juste la décence, car tu vis que pour l’adrénaline de ces deux roues si chères à ton cœur de damné.
clopeur de renom. Tu t'bousilles le poumon, et tu fais un gros doigt à tous ces puristes qui disent qu't'as déjà signé ton arrêt de mort depuis tes quinze piges. T'as la nicotine qui s’est carrément greffé à ton adn, c’est certain. c'est presque viral tout ça, t'as même du mal à te greffer à la bienséance de n'pas fumer dans les lieux publics. Oui tout ce qui traine de près ou de loin à l'univers d'autrui reste un concept. C'est déjà ça, t'arrive à reconnaitre que d'autres humains font partis de cette planète. On avance, Jag, c'est pas mal. Le jeu. Bordel que ça te serre le cœur à chaque fois qu’tu pourrais vendre ta chemise. Les
paris aussi c’est l’histoire d’une vie. Une mauvaise chose, un mal lancinant qu’on apparente à cette drogue maladif du pognon facile, si proche, si luminescent à ton regard. Il t’arrive de gagner, mais il t’arrive aussi souvent de perdre. C’est pourquoi t’as maintenant décidé d’organiser toi-même les paris illégaux derrière les rideaux rouges, dans les backstages du Growclub. Déjà pour te refaire, rembourser les dettes de ce putain de bar mais aussi pour entuber un peu plus cette société oisive dont tu en fais totalement parti. Cercle vicieux, Jag. Encore une fois. T’as un
p’tit casier judiciaire. Moh rien de faramineux. Rien de bien méchant, les apparences jouent souvent contre toi. Ca regroupe quelques inculpations échouées sur le bord de ta route de ta vie, qui est loin d’être un long fleuve tranquille c’est vrai. Outrages à agents mais surtout après un soucis d’ébriété, quelques petites affaires de jeu pas trop résolues mais faut pas le dire… d’ailleurs à cette suite, ton ex-femme a demandé à ce que tu suives un programme pour personnes addicts dans le but de pouvoir continuer à voir ton fils. Chose que t’as vite expédiée à son grand dam.
« le deuil, cette traversée du passé dans l’abolition de l’avenir
et l’engloutissement de l’instant… » alice ferneyle déni.comfortably numb « tu me…. » tu sais qu’elle n’aime pas dire des gros mots. Que les insultes c’est pas vraiment dans son éducation de bourgeoise étriquée. Mais putain c’que t’aimes quand elle rougit, qu’elle s’égosille, qu’elle se transforme en vilaine fille par ta faute. Et tu l’attends ce mot, cette palabre qui fait que les vannes seront ouvertes. Habituellement les violences de langage tu n’en fais pas d’état d’âmes, mais avec Harper c’est comme un orgasme fulgurant, obsessionnel même, tellement tu mises tout pour la pousser à bout. Et ce depuis ces premiers regards échangés.
« tu me fais putain de chier, Jag !! » et voilà. Certes, c’est pas grand chose mais pour elle c’est comme si c’était l’ouverture de Disneyworld après 45 jours de confinement. Ça fait du bien par où ça passe, hein princesse ? elle déteste ce genre de sobriquet. Et encore t’en passes des meilleurs. Tu pourrais lui envoyé « poupée » ou encore « ma chatte » Tout le lot mielleux et dégradant d’une femme de cette crampe. Education catho oblige et couvert bien placés de chaque côté de l’assiette. Tenue parfaite et chignon tiré. Bordel c’que t’adores lui retirer ses satanés épingles et ébouriffer cette crinière de lionne. Ainsi elle se révèle. Une Nelly Olson qui se cache. Une Pansy Parkinson chez les Poufsouffle. Un modèle Harley Quinn encore à l’état fœtal d’amour transi pour son Joker. Mais tu n’iras pas aussi loin. T’as pas envie qu’elle te défigure aujourd’hui, il te faut quand même calmer la bombe à retardement. C’est ta femme après tout. Pourquoi l’avoir épousé ? Tu n’avoueras rien. T’hésites en fait. Juste pour le gros lot qu’elle représentait, et parce que faire avoir une syncope à son père était devenu un jeu tout aussi ragoutant. « ma fille n’épousera jamais un vaurien ». Dans tes dents, le républicain ! Autre raison ? Parce que l’expérience du mariage te coursait tranquillement sur la clavicule comme une envie soudain ? la bague au doigt n’a jamais été le rêve de ta vie, Jag. Ou bien t’avais pas eut les couilles de perdre cette magnifique rousse aux émeraudes flamboyants tellement elle réussissait à te déculotter jusque dans tes cauchemars les plus fous ?
la colère.heart-shaped box « c’était pas le deal, Harper »« on était bien non, tous les deux ? »
« j’ai toujours fait gaffe, putain ! et ta pilule ? »
« j’suis pas prêt pour ça. C’est pas pour moi. »
« j’ai prévu des trucs là. J’ai pas l’temps pour ce genre de truc… j’me casse »il valait mieux qu’tu t’casses en effet. Elle a surement utilisé les pires noms d’oiseaux. Ou de merde. Parce que t’avais déjà réussi à la sortir de son statut de Blanche-Neige. Tu l’avais érigé, étudié, poussé à devenir ainsi. A te haïr. Et avec l’annonce de ce têtard en incubation, c’était devenu trop pour toi. C’était comme si le rideau se levait enfin.
Salop.
La dépression.thank god« j’ai merdé cette fois, Cart’… » tu sais pas s’il te répond. Les yeux embués, la tête défracté par la poudre blanchâtre qui gravitent encore autour de tes narines, ainsi que l'haleine putride qui t'habite comme si t’avais vidé la réserve d’un bar. Ouai, t’es dans un sale état avec ce corps anchylosé qui a tenté de se prendre pour un caïd lorsque les flics ont essayé de t'calmer. Tu sais plus trop ce que tu dégrises d’ailleurs derrière ces barreaux. Heureusement qu’ils sont là d’ailleurs pour te soutenir, putain. La gueule de ton meilleur ami se dessine dans le halo de lumière des néons aveuglants. L’auréole te semble parfaite, comme la présence divine, celle qui va te ramener jusqu’à ton lit pour que tu puisses y épancher tout ton soule. Tu peines dans ce demi-floutage, pourtant un rire t’échappe avant que t’es pu formulé ta connerie à voix haute. Allez… tu le fais, t’es sûr que ça va lui plaire.
« j’comprends pourquoi les meufs te prennent pour un dieu… tu ressembles à un Jésus pour moi en cet instant » et comme si tu voulais paraître un peu plus véridique, telle la promesse à un juge quelconque
« je l’jure pour de vrai » tu souris, mais c’est un peu fantomatique. Tu n’peux pas lui mentir à lui. Et il dira rien, parce qu’il sait très bien qui tu es. Carter connaît très bien tes angoisses et ta connerie. Mais il ne dira rien, parce c’est dans le pacte, parce que c’est ton frère et qu’il connaît déjà ta douleur. Elle se reflète jusqu’en dans ses yeux.
« j’ai pas troublé la voie publique, y’avait personne ! » tu avoues les mains en l’air, pour signer une innocence équivoque.
« c’est moi qui suis outragé ! » …
« Harper ma volé un spermatozoïde et c’est moi qu’on enferme ! c’est n'importe quoi, putain ! » cet état second ne te réussit pas. Tu bredouilles encore quelques trucs, jusqu’à t’étaler sur le sol, dos à la grille alors que ton pote se fait ouvrir la cellule pour venir te libérer. Que dis-je, te trainer. Mais ça y est t’es déjà retourné dans ce tourbillon infernal. Et les larmes coulent sur ta face de connard. Ce connard qui refusera encore d’être père. D’être amoureux. Et d’avouer cette maladie qui t’lacère les tripes : putain d’sentiments. Putain d’attaches. Et putain de whisky !
l’expression.old town roadOncle Hurshel n’était pas un mauvais bougre. Par contre les dettes du Growclub il aurait pu se les garder, le vioc. Tu grimaces après avoir renié t’as tête de vainqueur des quelques minutes d’avant. Ca t’plaisait de reprendre le bar. Déjà parce qu’il faisait partie d’un héritage familiale donc pas besoin de tunes pour l’acquérir. Par contre, une fois que t’avais signé, tu découvrais les fonds de caisse au bord de l’asphyxie. Hurshel n’était pas un mauvais type, tu connaissais un peu ses trafics avec les danseuses. Pas vraiment quelque chose qui t’intéressait plus que ça, même si tu savais que ta future clientèle réclamerait cette réputation si t’en venait à l’éradiquer. Et là pour l’heure, t’avais pas envie qu’on déserte. T’avais envie de renflouer la chose. Mais t’avais aussi tes propres manœuvres. Maitre du jeu, les paris ont toujours été ton point faible. Ceci dit pourquoi pas en faire une force cette fois-ci. Une qui tournerait enfin à ton avantage…
l’acceptation ?D.A.N.C.E. « qu’est-ce qu’il avait besoin de se coincer le gland dans la braguette, le morveux? » toi, à treize ans tu savais te servir de ta knaki même pour te palucher en vue de ces trente deux secondes si cher à tout cœur d’ado pré-pubère, permettant d'atteindre l'orgasme tant adulé. Putain… Si Harper n’avait pas épousé ce péteux du sénat, ton fils ne serait pas aussi handicapé ! Et ouai, à prendre exemple sur un type qui sniffe du thé vert et bande devant du tofu, on peut pas aller bien loin. Leur vie de vegan à la mord-moi le nœud, ils peuvent se la mettre où j’pense. Dès qu’vous sortez d’ici, vous embarquez directement vers le steackhouse le plus proche. Avec un peu de chance, le tétard aura assez de proteines pour se réparer le bout endommagé, il se tachera de sauce barbec sur sa chemise… et ainsi faire devenir vert le radis qui lui sert de beau-père. Caché derrière ce magazine
Elle, t’as plus envie de passer inaperçu auprès de la secrétaire qui t’zyeutes depuis que vous êtes rentrés dans le cabinet que de lire les dernières conneries des féministes utopistes. Elle vous matte le môme et toi, comme si elle y trouvait quelque chose de louche. C’est pas vraiment ton genre de rôle ça d’habitude, Jag. Elle l'a deviné ? Qu’est-ce qu’il avait besoin de dire que seulement toi pouvais le conduire chez l’urologue, d'ailleurs ? Tu t’en es jamais occupé, non ? Allez t’as juste inscrit ton nom sur l’extrait de naissance, juste par pur combat de coq pour tenir tête à l’autre face de soja qui tournait déjà autour de ta rousse à l’époque. Ta rousse ? Tu grimaces. C’est pas ta rousse. Du moins ça l’est plus. Et l’autre tétard assis à côté de toi, qui n’a toujours pas déparalysé ses mains de son entrejambe, tu l’regardes en biais. Il a hérité de cette tignasse impertubable au coiffage de ton côté. Vous n’vous parlez pas. C’est limite si vous vous contemplez droit dans les yeux. A un moment, il te semble entendre juste
« merci d’être v’nu… papa » et là ça te nique le cœur. Ca t’broie le diaphragme. Bel uppercut, petit. Ta gueule, le môme, voyons. Et pourtant tu ne réponds rien. T’y arrives pas. Tu repars dans l’horoscope, persuadé que ta vie va changer du tout au tout cette semaine, et te sacrer roi d’Agra Bah, qu’on t’offrira mille Jasmines toutes stériles. Par pitié…
Connard.