Echame la culpa

Pensez-vous être quelqu'un de bien ? : Tu ne saurais pas répondre à cette question. Ca veut dire quoi être quelqu'un de bien concrètement ? Il faut se baser sur quel point de vue ? Est-ce que tu l'es parce que t'es généreuse ? Est-ce que tu l'es pas parce que tu mens aux gens que t'aimes ? Ta dernière bonne action ? : Tu fais du bénévolat. Ca compte ? Tes plus gros pêchés ? : Tes mensonges, sans doute. A ta famille, par rapport à ton train de vie totalement indécent. A Nancy par rapport à ta relation avec son frère.

Princesse sans diadème. T'as essayé de garder ta couronne. T'as fait semblant. Comme tes amies. T'as essayé, puis t'as tout brulé, au grand damne de ta mère. T'es pas la fille parfaite qu'elle devait avoir et elle n'hésite pas à te le rappeler tous les jours que Dieu fait. Selon elle t'es une enfant ingrate alors que ta vie, tu l’as déjà gagnée. Tu es bien née. Tu as grandi dans une belle maison, tu as été déposée à l’école tous les matins dans une belle voiture, tu as porté de jolies robes, tu es partie en vacances dans de beaux endroits et tu as fréquenté de beaux garçons. Et, finalement, sa seule ambition pour toi, c'est que tu perpétues ce train de vie pour toujours comme un long fleuve. Pas tranquille tous les jours certes mais au tracé plutôt impeccable. Ta mère a toujours été la reine des reproches, en revanche, elle n'a jamais été affectueuse avec toi.

Certains mangent par manque d’affection. Toi, tu as bien trop peur de la cellulite. Alors tu dépenses. De toute façon, dépenser et boire sont finalement les deux seules activités qui te détendent. La première te donne la jouissance du pouvoir, la seconde te procure ce vertige de l’abandon. Tu n’as pas forcément le goût du pouvoir, mais comme c’est le seul moyen de subsister dans ta société, alors tu en joues. Mais ça t’épuise donc tu te laisses aller. Malgré votre relation conflictuelle, tu ne détestes pas ta mère, elle t'agace. Elle porte un masque qui a fini par se fondre avec sa peau. Elle n'est plus hypocrite. Elle est juste devenue quelqu’un d’autre. Elle joue à la comédie humaine dans laquelle elle rêve de t'aspirer. Tu ne seras pas heureuse ? Et alors ? Elle n'en a que faire. Pourquoi chercher le bonheur quand on peut avoir le confort d’un quotidien douillet et des amants pour s’en défaire quelques jours.

Ton Patriarche, quant à lui, est bien plus aimant, même s'il n'a jamais vraiment été présent pour toi. Tu aimes passer du temps avec lui. Il t'a toujours défendu lorsque ta mère allait trop loin dans ses exigences. T'es convaincue, que c'est elle qui l'a fané, à force de le prendre pour un porte feuille ambulant.

Dans cette ville où tout le monde se connait, tu cherches les ennuis pour chasser le tien. Sortir pour faire ce qui s’appelle la fête est sans doute ton activité la plus assidue. Les cocktails et la furieuse envie d’adrénaline aidant. Au moins, ce qui est sûr c’est que la liste de tes bêtises sera bien plus longue que celle de tes regrets. Et c’est déjà ça.

Ce n’est pas tant que tu adores sortir. Ton problème est que tu ne sais pas rentrer. Alors, dès que la nuit tombe, pour éviter d’être seule face à ta télé, ton écran d’ordi, celui de ton iPhone ou tes questions métaphysiques, tu sors, quasiment toutes les nuits. Et de manière absolument indécente selon ta foi. Tu ne t’amuses pas forcément, c’est juste que tu ne sais pas t’endormir. Et ce n’est pas nouveau. Tu as toujours fait beaucoup de cauchemars. Ta mère t’a prise dans ses bras quand tu étais petite - avant que votre relation ne devienne chaotique. Tu t’es sentie protégée. Mais jamais vraiment rassurée. Ce que tu n’as pas trouvé dans les bras de ta mère cernée, tu fais semblant de le chercher chez des garçons mal rasés.

Tes nuits ne sont pas forcément plus belles que tes jours. Tu tentes juste d’épurer tes angoisses et tes doutes. De la catharsis bas de gamme entre poudre magique et vodka diluée. Tu connais la désolation sordide des fins de soirée, tu la portes dans ton sourire figé.