(james) sunny day

J'aimais beaucoup me poser dans un endroit autre que chez moi pour y travailler, parfois l'extérieur m'inspirait. Ces derniers jours, il faisait bon alors je voulais profiter et je m'installais à l'extérieur, sur un banc pour pouvoir gribouiller quelques trucs sur du papier. Je peux sentir quelques rayons de soleil autour de moi, le vent doux caressait mon visage et l'odeur d'herbe coupée venait se glisser dans mes narines. Ma feuille ne ressemblait à rien, je l'avais posé contre mes jambes que j'avais plié tandis que mon crayon glissait seul sur ma feuille qui au départ était vide.

J'ai laissé de nombreuses pensées m'envahir, sur moi, sur ma vie et surtout sur lui. Cet homme qui avait bouleversé ma vie de façon positive, celui qui avait presque donné un sens à beaucoup de choses, celui qui m'avait embrassé. C'était aussi pour cet homme que je préparais un mariage, il n'était pas libre et moi, c'était comme si je bavais à chaque fois que je parlais de lui. Mais, je me devais d'être professionnelle après tout, non . Je devais passer par-dessus mes propres sentiments et faire mon métier, parce que le bonheur des gens était plus important que le mien.

J'ai fini par relever la tête, pour regarder les gens qui se promenaient, parfois il y avait des familles, des enfants qui jouaient au ballon aussi. Mon regard s'était posé sur un homme qui semblait se promener ? Je sais pas trop, mais cet homme, je l'avais reconnu et j'affichais déjà un sourire, me redressant j'avais fermé mon classeur, m'asseyant en tailleur sur le banc.  « Mais qui vois-je ? Serait-ce le mec le plus branché de Bettelheim ? » avais-je lancé au jeune homme sur un ton humoristique.

Profitant de l'éclaircie et d'une fin de mission plus tôt que prévue, je me décide à rentrer chez moi à pieds plutôt qu'en bus. Sur le chemin je prendrais sans doute du quoi dîner avec mon frère et puis un peu de pain pour demain matin. Je check la monnaie que j'ai en poche, cela devrait faire l'affaire pour les quelques courses nécessaires. Mais avant de passer à l'épicerie, je préfère faire un petit détour pour traverser le parc. Il fait beau, les gens se baladent, les chiens sont laissés à jouer, et j'adore ce genre d'ambiance.

Les mains dans les poches, je joue instinctivement avec mes écouteurs que j'aurais pu glisser dans mes oreilles pour m'isoler du bruit alentours. Mais bien au contraire, j'aime trop pouvoir entendre les bruits ambiants. Ici tout est plus calme, tout est plus doux. A Los Angeles, rien n'est pareil. Tout est plus clinquant, plus bruyant, plus sauvage, plus violent. Un klaxon t'agresse à LA, alors qu'ici c'est quelqu'un qui te salut et cherche à attirer ton attention. Si on te bouscule à LA, tu dois faire attention à qui tu t'excuses si tu ne veux pas te prendre un procès ou bien un crochet du gauche. Ici la personne s'inquiète de savoir si elle ne t'a pas fait du mal. Bon sang, que j'aime vivre ici!

Dans le parc, j'aperçois une silhouette bien faite qui se redresse à mon passage. Une longue crinière doré qui lui tombe sur les épaules, un superbe sourire éclatant et un regard pétillant. C'est Ellaria. La jolie blonde pour laquelle j'ai déjà travaillé deux trois fois auparavant. Celle-ci m'accueille avec une petite phrase de bienvenue que je perçois comme une boutade, mais de laquelle je décide de ne pas m'offenser. A deux pas d'elle maintenant et lui souriant de mon iconique bouche à la Stalone. « En personne! Comment vas-tu Ellaria? Ça bosse? » lui demandé-je me tenant là sans plus bouger. Je remarque son classeur posé sur ses genoux, elle est sans doute en plein préparatifs pour quelque chose comme d'habitude. La belle a du succès dans les affaires et sans la jalouser, je suis envieux de voir qu'on peut réussir à faire quelque chose de grand par ici.

En venant ici, je n'aurais jamais pensé croisé James, j'en étais d'ailleurs très ravie, cela allait me permettre de décrocher un peu du mariage de Robert. Je regarde le jeune homme qui m'avait lui aussi remarqué, lui accordant un joli sourire tandis qu'il me demandait comment j'allais, j'ai haussé les épaules. « Eh bien... Écoutes, ça va on va dire qu'il faut aller bien. » Dis-je en baissant les yeux sur mon classeur avant de regarder à nouveau James. « Exact, je travaille actuellement sur le mariage de Robert et Bianca, un couple qui compte se dire oui, comme tu l'avais deviné. Mais madame veut un truc grandiose, monsieur lui veut de la simplicité. Comment te dire que? C'est compliqué de satisfaire les deux, surtout que la femme est minutieuse et elle sait ce qu'elle veut. » J'ai rigolé un peu avant de me gratter le front.

« Comment tu vas toi ? » Demandais-je en le regardant, rangeant mon classeur en m'asseyant correctement sur le banc. Je pose ma main au niveau de mes sourcils, pour le regarder sans être gêné par le soleil. « Et niveau boulot, comment ça ce passe ? Tu as trouvé un truc . Sinon, tu me dis et moi, je te trouverais quelque chose à faire. Au moins, je sais qu'avec toi le boulot est bien fait. » Dis-je en le regardant comme je pouvais à cause du soleil.

« Qu'est-ce que tu me racontes de beau ? Et les amours, comment ça ce passe ? Elle va bien . » Je savais que James avait quelqu'un dans sa vie, au contraire de moi qui étais tombé complètement sous le charme de ce fameux Robert qui allait se marier. Je le regarde avant de retirer ma main d'au-dessus de mes yeux. « Est-ce que toi aussi en ce moment tu te poses mille et une questions ? Sur toi, sur ta vie sentimentale et ta vie de manière générale ? S'te plaît, dit moi que je ne suis pas seule ! »

Toujours aussi polie et avenante que la première où je l'ai rencontré, Ellaria me pose les questions qui me taraudent elles aussi depuis un bail. Je vois bien que ma position la gêne, le soleil lui cogne dans les yeux. Alors pour éviter qu'elle n'ait à souffrir d'avantage, je me poste pile dans l'alignement du soleil et lui cache ainsi l'astre du jour. Un nouveau sourire étire mes traits bancals lorsqu'elle me propose un job. Chose à laquelle j'ai toujours du mal à dire non. Les temps sont durs, et surtout depuis que je suis indépendant. Je porte une main à mes cheveux et les plaque à nouveau en arrière. « Tu sais bien que je suis toujours disponible. Enfin, c'est vrai que je commence à pas mal bosser ces temps-ci... Mais pour toi, je peux toujours trouver le temps de t'aider. Pour tes beaux yeux et tes gentils compliments. Haha! » Je ne peux me défaire de mes petits airs. La séduction fait entièrement partie de moi depuis tant d'année que je ne peux m'empêcher de faire un petit frais à une jolie fille. Même s'il n'y a rien derrière, sans sinistre pensée, je pense qu'il est toujours agréable de s'entendre complimenté de temps à autre. Et puis elle me connaît maintenant et sait comment je fonctionne. La belle me fait une place sur le banc que j'accepte avec plaisir en venant me poster à ses côtés une jambe largement croisée par dessus l'autre. Je tourne le visage vers elle et je remarque sa détresse lorsqu'elle s'enquiert sur ma situation amoureuse, et secrètement je sais qu'elle cherche à être rassurée. « Ella, tu sais bien que ma situation n'est pas banale. Alors sois rassurée, avec moi tu n'es jamais seule. Mabel, Willa... La passé qui me hante, le futur qui m'attire... Est-ce que j'en mérite seulement une seule des deux? Est-ce que je dois laisser tomber? Est-ce que je dois partir en pèlerinage et me faire moine bouddhiste? Tu vois... j'ai moi aussi mille questions qui me chamboulent l'esprit. » Laché-je presque en rigolant. « Mais dis moi... Pourquoi toutes ces question ma belle...? Qu'es-ce qui te tracasse? »