contradiction | cosmo

Pensez-vous être quelqu'un de bien ? : je ne suis pas quelqu'un de bien. mais suis-je fondamentalement mauvais ? je veux dire...je ne prévois jamais évoquer une larme ou un excès de colère. je ne planifie jamais blesser quelqu'un ou ne voir que la courbe de son échine jusqu'à la fin de mes jours. je n'ai jamais demandé qu'on me prenne la tête ou être un regret familial. je ne sais même pas si mon frère me présente encore comme son sang. ou s'il me présente comme le cousin retardé. j'ai des défauts, ce qui ne fait pas de moi quelqu'un de bien. mais comme je fais de mon mieux, ça ne doit pas être totalement ignoré ? qu'une plume dans l'air qu'on regarde s'envoler ?
Ta dernière bonne action ? : est-ce que je dois être parvenu à déplacer des montagnes pour parler de bonne action ? est-ce qu'un pompier peut être l'unique personne à pouvoir s'en vanter ? avec les infirmiers et les médecins ? est-ce que les femmes sont les seules à avoir la douceur pour évoquer la moindre lueur de bonne action ? elles sourient, et le tour est joué. c'est si facile pour elles. c'est peut-être moi qui est encore qu'un grand gamin pour pouvoir m'exposer à cette idée. trop ancré dans ma maladresse qui pousserait une personne de la rambarde au lieu de la maintenir en vie. m'voyez ? mais..hey ! j'ai donné une boite de céréale placé trop haute pour une vieille dame au super-marché. dites-moi que ça vaut pour quelque chose ?
Tes plus gros pêchés ? : je crois qu'être à deux doigts de me faire déshonoré, ça remballe assez bien mes tendances alcooliques. celle que je ne contrôle pas. celle qui me vient une nuit, puis une seconde jusqu'à ce que mon visage se tord de blancheur. jusqu'à ce que je dorme une demi-journée allongé dans le bain ou enroulé autour de la toilette. mon péché, c'est de ne jamais savoir m'arrêter. ne pas distinguer l'interdit des louanges divines. ne pas comprendre la timidité comme un rejet. il ne faut pas penser que je force les choses, ni que je force les gens. j'ai tendance à écouter les regards des autres et m'y noyer assez longtemps pour m'dire : c'est assez.

la musique s'atténue dans le studio jusqu'à ne devenir qu'un espèce de souvenir sensoriel. ton coeur palpite si fort que tu retient ton torse de tes deux mains pour t'assurer qu'il reste à sa place. un goût de métal se plonge sur ta langue et te fait regretter momentanément tout l'effort que tu mets dans des entrainement qui ne servent à rien. tu t'avances vers ton reflet. vers tes joues empourprées. vers tes yeux fatigués. vers ton souffle égaré. tu attrapes l'appuie de bois et tu plonges ton front vers l'avant pour l'appuyer sur tes deux mains jointes. tu respires fort parce que personne ne t'entend. personne ne t'entend frapper le sol et remuer l'air avec force et grâce. personne n'entend tes rêves s'éclipser lorsque tu te trouves à milles pas derrière tes attentes. t'aimerais percevoir l'écho d'un clappement de main. d'un père fier ou d'une mère agréablement surprise. t'aimerais qu'ils arrêtent de s'attacher à l'image du sportif. à l'image du futur ambulancier. du futur sauveur de vie ou rapporteur d'or. sans ça, tu resteras déception. [...] tu insères la clé dans la serrure, remonte ton sac sur ton épaule et te tourne vers l'obscurité qui t'enveloppe d'un agréable vent frais. tu soupires, car aucun chemin ne semble être le bon. que tu regardes à gauche vers le quartier de tes parents ou que tu regardes à droite, vers le mec que tu fréquentes. histoire banale qui ne mène à rien. t'as l'impression de te tenir plus avec lui pour son toit que pour son coeur d’orchidée. tu descends les quelques marches et décide de te vautrer dans la noirceur. n'être qu'un avec son oubli et son ignorance. t'es épuisé à ne pas savoir si tu existes encore en tant que cosmo, ou si tu t'es transformé en néant. et dans tes pensés détournées se colle à tes tibias un félin. seul ses yeux brillent dans l'obscurité. tu sais qu'papa te dirait de ne pas t'en approcher. chat noir, porte-malheur. si en plus il s'agit d'un chat d'gouttière. tu souris et tu te penches en déposant ton sac sur le bitume. tu t'accroupis si bas que l'animal se pose sur ses pattes arrière pour venir glisser son nez humide contre ta mâchoire. tu lui grattes la tête. tu m'en veux pas toi, d'être con ? d'aimer la danse. d'aimer le chant. d'aimer ton corps. d'aimer la vie. d'tenter la mort. [...]  tu attends devant la porte en courbant ton corps pour tenter d'épier la vie derrière la fenêtre voilée. aucun mouvement, mais une lumière allumée. ton amie n'avait pas le choix d'être là. même si elle ne répond pas à ses appels, même si elle ne répond pas à la porte. tu t'impatientes faiblement en épiant derrière toi, te demandant si tu devais t'essayer chez quelqu'un d'autre. puis, un instant de chaleur effleure le côté de ton visage lorsque la porte s'ouvre. tu souris, parce que tu ne sais pas faire autre chose lorsque tu es dans le tort. t'as vu l'heure qu'elle te dirait forcément alors que tu sors rapidement le chat noir de ta veste pour le tendre dans sa direction. tu peux l'garder l'temps que j'me trouve un toit ? merci t'es géniale, j'te l'revaudrais. tu ne lui laisses pas le temps de réfléchir, ni même de réagir que le chat quitte tes mains pour se retrouver dans les siennes. un baiser sur la joue qui scelle l'entendement égoïste et te voilà parti ne lui laissant plus aucun choix. enfin, si...elle pouvait remettre le chat à la rue. mais t'as tendance à t'attacher à des gens qui ont un trop grand coeur pour le faire. [...]  tu chutes sur un banc en posant ton sac de sport à tes côtés. ta jambe gauche tremble d'impatience et d'indécisions alors que ton nez pointe vers le ciel aux milles possibilités. les nuances t'empêchent d'admirer les étoiles. mais tu sais qu'elles se cachent derrière. prêtes à t'écouter. prête à te pardonner. tu étends la jambe pour sortir ton téléphone de ta poche et tu regardes l'écran. t'allais sûrement faire nuit blanche, comme tu ne parviens pas à te décider chez qui loger. t'as envie d'aller cogner à la porte de ton frère. tu restes un sinclair, même si tu ne le sens plus. vous avez peut-être des coeurs différents, mais vous avez les mêmes traits. tu glisses ton pouce sur l'écran pour défiler les contacts. tellement de gens qui t'entourent. mais personne qui en vaut totalement la peine. pas aujourd'hui. peut-être pas demain. t'amènes le haut de téléphone à ton front et tu tapotes le bas de ton menton, une moue perplexe au visage. va falloir que tu dissimules tes cernes au boulot demain. être au top de toi-même, toujours. l'apparat du bonheur et de l'énergie. t'es l'soleil dans les murs sombres.