misunderstanding (stefano)

Il avait enfin pris son courage à deux mains, Stefano. Oubliant qu'il était tard, il avait décidé d'acheter les pizzas pour les apporter. Il en avait trois histoire de pouvoir remplir leurs estomacs, dont une aux quatre fromages qu'il adorait. Il avait ensuite choisi une tenue quelque peu chic même s'il fallait rester décontracté en circonstances. Il avait opté pour un pull blanc et un jean noir et s'était rasé la barbe juste pour en avoir une de deux jours. Il se disait qu'il devait se faire beau pour lui faire face, autant rivaliser avec sa bogossitude pour voir si vraiment, il le voulait. Le petit jeu du chat et de la souris ne faisait que commencer et le jeune homme savait pertinemment qu'il devait tenir, résister sur la durée pour ne pas se laisser embringuer dans des histoires qu'il ne contrôlerait pas. Cette sensation, il ne l'avait jamais vraiment connu. Il n'avait qu'une ou deux amourettes , rien qui ne l'avait plus bouleversé que cela. Enfin, c'était avant l'entrevue avec le blond. Maintenant, il était tout bonnement perdu. Après leur échange de sms plus ou moins revendicateur et annonciateur d'une nouvelle tension, Stefano avait choisi de déposer les armes. Une soirée avec lui, avec des pizzas : au final que risquait t-il ? Qu'il le bourre au vin délicieux ? Qu'il le gave de pizzas pour qu'il en fasse une indigestion? Ou qu'il le vire de chez lui à coups de bâton ? Ouais, la troisième option restait tout bonnement impossible : du moins il l'espérait. Il était vrai que Isaiah l'avait effrayé la dernière fois mais l'italien avait été loin, il le reconnaissait. Peut être même un peu trop.

Il prit ses clés de voiture et rangea l'ensemble des affaires dedans. Il consulta son téléphone : devait t-il envoyer un sms à Isaiah? Il y pensa une fraction de seconde avant de verrouiller le téléphone.Question stupide, le blond l'attendait de pied ferme, il n'y avait pas besoin de le prévenir. Il réalisa tout de suite que le temps était mauvais : il entra dans son véhicule, son manteau trempé. Il le quitta pour le mettre sur la plage arrière, alluma ses phares. La pluie battante sur le pare brise lui faisait craindre le pire. Il inspira, cherchant à garder son sang froid et démarra son véhicule. A peine les premiers mètres, il avait déjà la crainte de faire un aqua planning. Réduction de la vitesse, il roulait au pas pour ne pas se faire de mauvaises surprises. Arrivée sur le rond point, il réussit à aller tout droit sans d'encombrement. A la prochaine, il doit enclencher le clignotant gauche. Il fait ses vérifications à la va vite, enclenche son clignotant gauche... mais la voiture devant lui rentre soudainement dans une autre. Et Stefano emboute le devant de la voiture. Bordel, c'était une soirée de merde qui s'annonçait. Il tape sur son volant avec colère : comment avait t-il pu être si maladroit ? Une erreur d'inattention et voilà que la voiture était bonne pour le garage. Après s'être occupé d'appeler les pompiers, policiers (qui étaient déjà assez bien sollicités ce soir là), Stefano contacta son assurance. Qui bien évidemment, le réprimanda et lui passa en revue le guide de bonne conduite. Stefano répondit un peu comme à un parent quand on sait qu'on est en tord. La compagnie finit de lui envoyer la dépanneuse. Prix exhorbitant et attente démesurée mais il n'avait pas vraiment le choix. Il regarda l'heure sur son portable. Il avait bien une heure de retard, il en aurait très certainement une heure et demie, voire deux. La pluie qui continuait de le tremper, les deux hommes devant lui qui se querellent, se balançent les tords.
Une heure et demie plus tard, il finit par arriver devant le blond. Ayant emprunté un taxi, encore une dépense imprévue.  Il n'arrive pas à croire qu'il a enfin réussi à arriver alors que le véhicule était resté immobilisé une quinzaine de minutes. Il était loin, Gene Kelly à chanter sous la pluie. Pour l'italien, rien ne valait mieux que le soleil. Son brushing est raplapla, il ne ressemble à rien : ses vêtements sont mouillés, ses baskets couinent à cause de l'eau qui les envahit.
Il arrive dans le jardin où il avait observé Isaiah et son car washing la dernière fois. L'ambiance était alors des plus caliente, rien à voir avec le vent glacial de cette soirée. Il s'approche de la villa, curieux de voir Isaiah converser. Avec qui cela pouvait t-il être ? Il baissa les yeux . Il avait une autre cible en vue, c'était clair. Un amant, un autre pote, les possibilités fusaient dans sa tête sans qu'il puisse véritablement enlever la déception qui l'habitait. Il continua de scruter le blond qui finit par se lever comme pour aller chercher à boire et là, Stefano s'approcha de la baie vitrée. Cette silhouette sur la gauche, il la connaissait... Ce corps svelte, ce visage impétueux... C'était son frère! Son sang ne fit qu'un tour. Après la déception, voilà la colère qui le submergeait. Quoi? Il osait inviter son frère, défier ses menaces et oublié ses promesses. Il avait cru que le blond l'attendait depuis tout ce temps mais non, il faisait joujou avec son frère. Une entrée Fellucini et un plat de résistance du même domaine ?  Bon sang, il ne pouvait pas y croire. Il se jouait d'eux mais surtout, il se jouait de lui. Ni une, ni deux, il arriva devant la porte et frappa de grands coups. D'ordinaire, il contenait sa colère mais quand il s'agissait de son frère, il ne répondait plus de rien. Il inspira, attendant que le blond vienne ouvrir la porte. Il ne pût s'empêcher de dire, de l'autre côté, maintenant que la sueur parcourait son visage et se mêlait à l'humidité de ce temps pourri. " OUVRE KENNEDY! OUVRE avant que je t'explose!" . Et il tambourina une nouvelle fois. Il allait le chauffer à blanc, il allait lui faire regretter cet affront.