between a pretzel and an oreo | heloïse ft. eliott

between a pretzel and an oreo

Il commence à se faire assez tard. Plus tard que d'habitude, en tout cas. Eliott essaie de se presser pour ne pas rentrer à une heure impossible - pas très envie de se prendre à nouveau des pains de mie dans la figure, quoique, la dernière fois, il était tout de même quatre heures du matin - mais c'est assez compliqué de faire du vélo avec un paquet aussi lourd entre les bras. Surtout lorsque le paquet ne veut pas tenir en place. Pourtant, il n'arrive pas à empêcher le sourire de lui monter aux lèvres. Comme souvent, c'est une décision prise sur un coup de tête, mais il est certain que ça vaut le coup. Non, c'est plus que certain, même. Il tourne le long d'une rue, toujours avec ce large sourire au visage. Bientôt arrivé. Il accélère, se lève à demi pour remonter la pente le plus rapidement possible. Il espère qu'aucune voiture n'est derrière lui - il a du mal à entendre, avec la musique dans les oreilles. Il fredonne doucement, se mettrait même à danser s'il n'était pas déjà en train de pédaler en rythme. Ain't no mountain high enough, ain't no valley low enough, ain't no river wide enough... Il se reconcentre brusquement sur ses mouvements lorsque son précieux colis manque de tomber et zigzague un instant sur la route en lâchant plusieurs excuses et insultes en même temps. « Merde merde merde pardon, désolé, pardon », marmonne-t-il à l'attention de la boule de poils qu'il sent gigoter. Lorsque celle-ci lui répond par un couinement, il ne peut pas retenir un large sourire. Héloïse va l'adorer.

Dix minutes et deux presque-chutes plus tard, l'étudiant arrête lentement son vélo à sa place, détache son sac du porte-bagages et s'accroupit en face de la surprise du jour. Un chiot, noir et blanc, qui s'agite avec enthousiasme, remuant dans tous les sens et alternant jappements et couinements. Dès qu'Eliott lui fait face, il lui bondit dessus, l'air adorablement joyeux. L'étudiant joue trente secondes avec lui avant de le récupérer entre ses mains et de se diriger vers l'entrée de la colocation. L'avant-veille, il est tombé sur une annonce provenant d'une famille dont la chienne a eu des chiots sans prévenir. Une annonce des plus banales, des chiots à donner, rien de spécial. Sauf qu'Eliott a toujours rêvé d'avoir un chien. Un chien à lui, quoique ça ne le dérange pas de le partager avec Héloïse, puisqu'elle habite e toute manière la chambre voisine. Il a discuté vingt minutes avec les propriétaires, et paf, deux jours après, le voilà propriétaire d'un petit gars de deux mois et demi, semi border-collie apparemment, et porteur d'une bouille à faire craquer les plus réticents. Même si sa coloc' râle, Eliott est certain qu'elle ne tiendra pas deux minutes face au regard du chiot.

Il frappe deux coups à la porte avant de l'ouvrir en grand, tenant son chien sous son bras. Il avait pensé faire une annonce fracassante, du type soulever le chiot comme dans le Roi Lion et annoncer à l'étudiante qu'ils avaient enfin trouvé leur dernier colocataire, mais à peine a-t-il refermé la porte et posé son sac que le petit border-collie, tout content, lui saute des bras et se met à déambuler dans les pièces en couinant. « Héloïse, je te prés- Eh, reviens ! » Et voilà l'étudiant qui se met à courir après le chiot, courbé en deux, l'appelant doucement. Au bout de cinq minutes de poursuite acharnée, Eliott soulève le chiot avec un immense sourire et le présente à Héloïse, enthousiaste.

« Je disais. Hélo, je te présente notre nouveau coloc' ! » Puis, comme elle ne fait d'abord pas mine de réagir, il le désigne d'un signe de tête, toujours aussi souriant. « Il est trop mignon, hein ? »

feat heloise thomas