rêves insolents - clark

Pensez-vous être quelqu'un de bien ? : non, jamais. je fais de mon mieux, un peu comme tout le monde. mais c'est pas suffisant, sinon le monde serait pas aussi triste, les gens seraient pas aussi malheureux. peut-être que je suis meilleur que certains, mais je suis sûrement pire que d'autres. je sais pas comment me situer, fondamentalement, ça va pas trop autour de moi, j'ai l'impression de faire comme je peux mais c'est jamais suffisant. faut pas que je me repose sur mes lauriers, y a toujours beaucoup plus à faire. Ta dernière bonne action ? : j'essaie d'en faire tous les jours, du mieux que je peux. j'essaie de gérer mon temps entre mes passions et mes devoirs, la part de responsabilité que j'endosse sans hésiter dans cette société qui va pas bien. y a toujours de l'aide à apporter, toujours des gens qu'il faut soutenir, toujours des personnes qui souffrent sans oser l'avouer. je suis pas le phare dans la nuit, mais j'essaie d'être une petite luciole pour apporter un peu de lumière dans cette obscurité étouffante. Tes plus gros pêchés ? : en faire trop, tout le temps. trop complimenter, trop parler, trop gêner, trop étouffer. on me le dit, on me le répète, faut que j'arrête d'être trop, de peur de pas être assez. faut que je laisse de la place aux autres, je suis pas le centre du monde, je vais pas m'effacer si j'arrête de tout commenter, je vais pas arrêter d'exister.

(ÂME VAGABONDE) il est de ces êtres gentils, un peu bêtes, dont on se sert sans impunité. ce n'est pas là une faiblesse, de son point de vue. il est juste altruiste. le bonheur d’autrui a plus d’importance que le sien. il se donnerait corps et âme pour aider les autres. ses yeux vous parcourent, et il voit la vulnérabilité qui existe en votre sein. il fait tout pour la calmer. il fait tout pour vous apaiser. on se sent bien autour de lui. il a des bras qui protègent. un sourire qui fait défaillir. des cheveux où on voudrait noyer nos doigts. il est de là, il est d'ailleurs. Il est de partout à la fois. • (AUTOSABOTAGE) il aurait sans doute pu être brillant et réussir ses études avec de très bons résultats en s’y donnant à fond, mais il s’était contenté de notes correctes. se situant dans la moyenne, ces élèves assez studieux pour passer inaperçus. il parvenait à décrocher des résultats satisfaisants en révisant la veille. sans être un tapageur ou un élément perturbateur, clark faisait partie de ces casse-têtes dont on dit qu'ils gâchent tout simplement leur talent. se complaisant dans le confort et la paresse, ignorant le dur fruit du labeur qui ne l’aguichait guère. son père, perfectionniste et prompt à pousser sa progéniture vers l'excellence, voyait cela d'un très mauvais œil. le manque d’implication de son aîné lui hérissait le poil et cela valait à celui-ci des remarques acerbes sur un comportement fondamentalement désapprouvé. mais l’amoureux des astres, cependant, avait un plan en tête : hors de question de suivre une voie toute tracée. désireux de vivre de sa passion, il lui a accordé tout son temps libre. à quoi bon réviser lorsque l’art fait trembler ses doigts, et fait naître des frissons sur sa peau ? • (RANCUNE CAMOUFLÉE) histoire sordide et stupide. le cliché des parents trop exigeants, envisageant un avenir fou pour leur progéniture. clark n’en a plus rien à faire, de leurs rêves. il l’a enfin compris. il ne pourra jamais leur faire perpétuellement plaisir. cela relève du domaine de l’impossible. Les suivre, c’est suivre le chemin du malheur pour lui. se sacrifier n’a aucun sens. il y a dans ses pensées devenues quelque peu toxiques des relents de ressentiment pour ce papa et cette maman qui en demandent trop. • (AUTOPHOBIE) l'idée de se retrouver un jour seul, entièrement seul, le terrifie. il a cette phobie d’un silence de plomb. ses tympans doivent perpétuellement rester fonctionnels. il ne tolère la solitude qu’à petites doses, lorsque lui-même s’isole pour remettre de l’ordre de ses pensées. s'éloigner de quelqu'un pour quelques jours, du monde entier pour quelques heures. là sont des actes qu’il choisit et qu’il apprécie. mais être esseulé parce que tout le monde l'aurait abandonné, amours et amis, c'est plus qu'il ne pourrait supporter. il n'existe pas sans la compagnie des autres, son sang se glace lorsqu’aucun son ne le réconforte. il ne peut pas respirer sans quelqu'un d'autre à ses côtés pour le calquer. • (CHARISME) il a toujours été sociable et populaire. un plaisantin né, il vous impressionnera de sa bonne humeur et de sa joie de vivre. tout son entourage est irrémédiablement attiré par lui, il émane de lui une aura séductrice présente à toute épreuve. constamment entouré, il est tel le phébus d’été, autour duquel gravitent des planètes admiratives. • (OCÉAN PACIFIQUE) il est tout à fait contre la violence physique. il ne supporte pas de voir deux individus se battre, et la guerre est un poids sur son cœur qui le bouscule et qui le traumatise. il ne peut pas regarder un reportage sur l’utilisation des armes ou sur des guérillas brutales sans avoir les larmes aux yeux. • (SANTÉ FRAGILE) il a toujours nourri le secret espoir de devenir végétarien sans pour autant s’y résoudre. il n’a toujours pas oublié les carences alimentaires dont il souffrait plus jeune, et il ne veut plus jamais prendre cette voie à nouveau, quitte à devoir se forcer de manger de la viande dont il n’apprécie pas le goût. • (POIDS-PLUME) il ne tient pas du tout l’alcool. deux verres sont suffisants pour le rendre tout particulièrement sensible à la plaisanterie de mauvais goût. des éclats de rire s’en ensuivent, et il commence à faire le bouffon. il lui suffit de dépasser le troisième pour devenir fou, facilement malléable, répondant à toutes les directives qu'on pourrait lui donner. amuser la galerie devient alors son but primordial. • (DÉSÉQUILIBRE) s’il est plus souvent dans la joie excessive, il peut lui arriver d’avoir des périodes où tout est chamboulé. son bonheur perpétuel se transforme en questionnements existentiels. une petite dépression pour désemparer son entourage, loin d’être habitué à voir ses prunelles vides de toute émotion et sa bouche pincée dans une moue malheureuse. • (SONGES IMPRIMÉS) clark tient un cahier de rêves qu’il entrepose sur la table de chevet. c’est un carnet personnel, qu’il ne montre à personne et qu’il conserve précieusement près de lui à toute heure. c’est une décision qui date de plusieurs années, pourtant les pages sont à peine entamées. se rappeler de ce qu’il a vu dans son sommeil est un événement rare et marquant qu’il avait décidé de commémorer sur du papier. lorsque ses yeux s’entrouvrent et que sa mémoire s’excite, il s’assoit aussitôt pour s’emparer d’un stylo et de son refuge, y couchant d’une écriture fine les récits d’une autre vie. • (RENDEZ-VOUS SUR LA VOIE LACTÉE) il repeint le cosmos du bout de ses doigts. traînées invisibles sur le ciel, lorsqu’il tend les deux mains en haut et essaie de toucher les étoiles. clark a une sale manie : celle de se perdre dans le beau. il pourrait contempler la même chose pendant des heures, sans se lasser. il pourrait se coucher la nuit sur le gazon, emmitouflé dans sa doudoune, les mirettes perdues dans l’espace. tout y passe, des vagues déchaînées d’une mer à une toile d’araignée. mais ce que clark peine à faire, c’est d’arrêter de regarder les gens comme ça. ces personnes qui le fascinent, qui font battre son myocarde un peu trop fort comme keith.