Pensez-vous être quelqu'un de bien ? : Stefano a suivi les conseils de Papa : ne pas finir en taule ni à la morgue. Il faut dire qu'en taule, il n'aura pas accès aux replays de la famille Kardashian et à la morgue, il n'aura pas un très beau cercueil donc bon, autant essayer de rester en vie. Il n'a jamais voulu se trouver dans les affaires louches, Stefano. Sûrement parce qu'il était déjà en dualité avec son orientation sexuelle, il fallait pas rajouter un remake de GTA sur le dos. Pourtant, il en pâtit, Stefano. Tous les jours où on lui parle de son frère, le dernier de la fratrie qui a une dégaine terrible et file du mauvais coton. Il a le deuxième aussi qui passe son temps dans les clubs et doit coucher et faire des gosses à tout va. Finalement, le seul qui arrive à tenir la baraque, c'est lui. Mis à part le seul paquet de cigarettes qu'il a dû fumé dans sa vie, il est le mec respectable. Autant le paraître aux yeux des autres, surtout de sa mère qui lui voue un culte. Bon pas autant qu'au Pape mais bon, être le fils exemplaire est déjà bien parti. Il ne faudrait pas tout foutre en l'air en lui annonçant qu'il est gay.
Ta dernière bonne action ? : Si essayer de redorer le blason des Fellucini compte, on peut dire que Stefano fait souvent de bonnes actions. Il a récemment fait un prêt pour retaper une ancienne maison à l'abandon et faire son salon de coiffure. Cela faisait un peu tâche et sûrement concurrence à la coiffeuse qui avait jusque là le monopole du quartier mais qu'importe. Il sait qu'il peut donner un second souffle à cette bicoque sans prétention.
Tes plus gros pêchés ? : L'alcool qui coule à flot, peu de gens savent qu'il y est sensible et qu'il aime s'en jeter un (ou même plusieurs d'affilée). Sinon à part ça, il n'a pas vraiment de pêchés si ce n'est les hamburgers qu'il avale à vitesse grand V et toutes les téléréalités ou émissions qu'il regarde : il s'est même mis aux Marseillais. Bon il n'y comprend pas grand chose mais il a appris quelques mots de français qui pourront lui servir si un jour il décide de se rendre là bas. Du genre "cagole", "problèmes" et "pécho".
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va bene. Stefano, c'est l'Italie pure : celle des pastas avec du pesto, à finir tous les mots en "i" , à faire voir qu'il est bilingue même si il y a peu de gens de sa contrée ici. Contrée européenne qu'il n'a jamais vu, seulement entendue et imaginé par les récits de son père : de ces paysages magnifiques de carte postale, de ces musiques entraînantes et de ce sens inné de la famille. La familia comme on pourrait dire mais dont Stefano a compris les limites rapidement en arrivant ici à ses huit ans. Nouvelle vie que lui contaient ses parents, en réalité c'était pour fuir l'oncle qui avait de nombreux ennemis. Débarqués à Boston pour être une famille bien sous tous rapports. La mère à la laverie, le père à l'usine et les enfants à l'école. Ils faisaient tâche avec leur accent et leurs manières mais Stefano a voulu se fondre dans la masse, devenir l'aîné respectable, celui qu'on applaudissait dans les spectacles de l'école. Celui qui foutait des claques au cadet parce qu'il traînait tard le soir.
Le
crash ultime. Les mots qui percutent, qui brisent comme du verre. Il y a vingt deux ans, quand il entend l'homme de l'autre côté du combiné qui lui annonce la mort du padre. Il tape du poing sur le mur, Stefano. Il a le coeur qui saigne, la colère qui vient jusque dans ses entrailles pour le laisser expier toute cette douleur. Comme il est dur de ne pas pleurer, de ne pas paraître faible quand le seul parent qui vous comprenait vient de vous quitter ? Il sait qu'il a perdu son soutien, Stefano. Des deux parents, c'était celui qui aurait le plus accepté son homosexualité. De là, ses notes dégringolent en chute libre. L'école ? Il fait rapidement l'impasse et sa mère trime pour joindre les deux bouts. Il a à peine quatorze ans Stefano mais il doit se rendre à l'évidence : il va devoir rapidement faire sa vie et construire son avenir. Un matin, sa mère voit une annonce pour faire des ménages et servir à la cantine dans un bled paumé. Elle se dit que c'est une autre vie qui commence. A l'instar des chats, les Fellucini recommencent leur vie à l'infini.
Benvenuto. Quinze ans et le voilà propulsé à... Bettelheim. Ville plus petite que Boston, ils apprennent à dire bonjour dans la rue, à revoir les mêmes têtes. Sa mère lui rappelle comme il est important de bien se tenir, de bien se comporter. Elle est une bonne chrétienne, très croyante. Elle voit ses fils comme des garçons parfaits, elle y tient comme à la prunelle de ses yeux. Il ne veut pas la décevoir, Stefano. Jamais.
L'adolescence, l'heure des premiers émois et des questionnements. Quand le second roulait des pelles aux filles et que le dernier sortait en skate avec ses potes plus bizarres les uns des autres, Stefano se demandait. Pourquoi donc n'avait t-il pas le coeur qui battait devant les filles mais devant son prof de sport ? Pourquoi ne pouvait t-il pas s'imaginer sortir avec une nana pour être encore plus comme les autres ? Non, il rêvait secrètement de son voisin, un british qui faisait des soirées tee-shirt mouillés auxquelles il n'était même pas invité. Timide, il l'était avec sa mèche qui cachait ses yeux et ses pieds qu'il joignait pour baisser la tête. La seule fois où il se sentait puissant, dominant c'était face à ses frères. Comme il est plus facile d'être autoritaire avec eux, de les menacer pour leur montrer qu'il savait tout, Stefano. Qu'il était le modèle à suivre.
Parallèlement, il fait une formation de Coiffeur parce qu'il veut en faire son métier. Il sait qu'il est plutôt de nature manuelle et il adore les mecs (sans blague) alors autant les rendre plus beaux : par leurs coupes de cheveux, par leurs barbes bien aiguisées. Il a les doigts de fée, Stefano et il sort même premier de sa promo.
la dolce vita. La vie adulte qui commence. En vrai, c'est surtout à ses dix neufs ans qu'elle débute cette véritable indépendance... bien que dans les faits il soit toujours si attaché à sa mère, si conscient de sa fragilité, si attentif à son bonheur... Dont il n'essaiera aucunement de changer. Il sait que lui annoncer qu'il est gay risque de lui briser le coeur. Maintenant qu'il va pouvoir être coiffeur dans le salon de son patron, il doit filer droit et gagner un max d'expérience pour être bien vu de tous. Pas facile quand les deux frères foutent le camp et lui causent bien des ennuis... Il tient bon, Stefano. Des histoires d'amour ? Il en a très peu. Pas du genre à s'attacher, à risquer sa carrière et sa famille pour écouter ses émois. Il préfère se gaver de chocolat devant une telenovela ou regarder un replay de la WWE. Les vendredis soirs, il les passe avec Helly, sa bff depuis ce fameux jour où il a obtenu son diplôme. Et surtout, il lutte tous les jours pour que son cadet de frère ne finisse pas derrière les barreaux.
OUAIS. VIVE MEETIC.En résumé c'est... lundi soir et Stefano se risque à s'inscrire sur une appli de rencontres? Foutue idée à la noix de Helly ça.
Du coup son super résumé de profil c'est :
Taille/ poids? - Mec brun aux cheveux bouclés, 1m90 (ouais ça a de la gueule). Pas de poids parce que franchement, ça fout la honte de le mettre.
Ton petit nom? - Stefano, ça fait toujours un effet cool. Au mieux on lui chante des trucs en italien, on lui parle des Calzone ou on lui chante Bella Ciao. Au pire, on lui dit que c'est un prétentieux comme les autres (bad buzz).
Le jolis minois- La photo qui passe bien : celle où il montre ses pectoraux (pas une idée à lui mais bon il paraît que ça fait bien. Le must c'est avec de l'huile sur le corps mais c'est pas son délire. Pas en affiche en tout cas. Puis il avait aussi pensé au car washing mais normalement c'est plus les meufs qui attirent avec ça.
- La photo en plus : celle à un bar avec un verre où il sourit. Il avait pensé à une photo avec un chien parce que c'est trop cute et c'est doux comme lui (et comme la pub pour le sopalin avec l'éléphant) mais bon là encore, pas de modèle à portée de main. Donc c'est le verre de mojito car sinon vodka ça fait gros alcoolo qui finit sa soirée dans le mal. Puis il aime le soleil, les cocktails qu'il sirote avec sa pote. Un mec qui a des potes ça passe mieux non?
- La photo à éviter : il avait pensé à mettre celle en jogging mais il s'est planté dans le retardateur et on ne le voit pas en mouvement, plutôt quand il retombe et qu'il est rouge tomate après sa séance de sport. Bref, niveau sexyttude on repassera.
Les hobbies : La télé. C'est sa passion, sa vie. Parce qu'elle retransmet tout : de la telenovela mexicaine et son 78ème épisode (attends, il faut savoir si Diego finit avec Roberta parce que selon le 76 ème épisode, ils étaient déjà à leur 15ème séparation). Elle diffuse aussi tous les matchs de Catch (rip The Rock mais vive le King), sans oublier les Top gear (un jour Stefano aura une belle voiture) et ofc l'émission sur les tatouages.
Sinon le sport ouais, mais le footing le crève déjà. Encore heureux qu'il aime quand même les pompes et le footing un peu parce que sa deuxième raison de vivre c'est la bouffe. Les hamburgers de Burger King. Ils sont bons, surtout avec la sauce Barbecue.
Les aspirations : Etre millionnaire mais bon en coupant les tifs, il ne risque pas de le devenir. Sauf s'il devient le coiffeur attitré de Mariah Carey. Passons aux autres ambitions.
Ca fait comme dans les Sims : ça tombe bien c'était l'un des seuls jeux vidéos qu'il a fait dans sa vie. Tout ce qu'il veut, Stefano c'est vivre sa vie sans faire trop de remous. Il joue au flic avec ses frères : l'un pour conduite immorale, l'autre pour trafic douteux. Il a du pain sur la planche.
Mais après tout, n'aurait t-il pas droit aussi au bonheur, même caché?
Appelez si intéressés , il ne mord pas. Il est doux comme un agneau, il aime les mecs. Il sait juste pas comment faire. Alors il veut qu'on lui fournisse le mode d'emploi.
Et BIM.
ENVOYE.