-- you don't love me, big fucking deal.

Pensez-vous être quelqu'un de bien ? : bien, selon qui? parce que c'est un peu cela, la vraie question. si on demande à mes potes qui sont loyaux comme tout, ils diront oui, même s'ils savent qu'il y a une part de mensonge parce que je suis loin d'être le genre de fille à faire du bénévolat de ses weekend  et faire passer les intérêts des autres avant les miens. on peut blâmer mes parents de merde, pour cela. dans la vie, c'est chacun pour soit. mon boulot est littéralement de semé de la joie à l'état pur sur mes clients alors, ça compte pour quelque chose, non? bref, nous pouvons assumer que non, comme ça je n'aurai pas à m'élever à des attentes pas possible à rencontrer. je le suis quand ça compte, avec ceux qui le mérite... voilà. Ta dernière bonne action ? : je fais les courses pour ma voisine de 80 ans, dorothy. c'est la personne la plus adorable que j'ai jamais rencontré. la pauvre, elle s'inquiète tellement pour moi quand je ne rentre pas, assumant que le pire m'est arrivé. ça fait quand même bizarre, en fait, avoir une figure maternelle qui pense à moi, qui remarquerait si je n'étais plus de ce monde.Tes plus gros pêchés ? : me taper mes « frères » de famille d’accueil, que parce que je pouvais le faire et que j'avais pas envie d'être dans un appartement en carton. c'était comme jouer à la loterie : faire des trucs horribles jusqu'au jour où je tomberais dans une famille riche qui pourrait me supporter financièrement sans se soucier de moi. une combinaison parfaite à mes yeux. j'ai également mis le feu à la maison de mon ancien beau-père qui m'abusait lorsque j'étais pré-adolescente alors qu'il dormait à l'intérieur. il n'est pas mort, mais il sait très bien que j'en suis la responsable. je suis pas une trouillarde, je lui aie envoyé une lettre pour le prévenir qu'il devrait se tenir tranquille et que je le gardais à l’œil, surtout parce que j'ai peur qu'il refasse subir le même calvaire à une autre.

À qui de droit,

Je vous écris, cinq ans plus tard, pour vous remercier d'avoir complètement détruit mes rêves de fréquenter votre établissement de renommée internationale. Je vous avoue, l'une de mes raisons principales de vouloir fréquenter Yale était en fait purement basée sur l'envie de me la jouer Rory Gilmore et trouver un mec aussi canon et fascinant que Logan Huntzberger. Étiez-vous plutôt Team Dean/Jess? Peut-être que cela explique nos différents. Ne vous en faites pas, j'ai rapidement retombée sur les pieds, suite à ce refus qui, je dois l'admettre, m'a vraiment fait un mal horrible à l’orgueil. Après tout, n'est-ce pas assez impressionnant, une candidate première de sa classe qui a été abandonnée par le système dès sa tendre enfance? Mais non, mademoiselle Morelli, nous nous basons sur l'entièreté du dossier. En commençant par le nom de famille qui ouvre la porte grande ouverte avant même la lecture des première lignes, n'est-ce pas? J'aurais pu faire de grandes choses, appliquer ailleurs, quelque part où les personnes responsables des admissions sont juste et n'acceptent pas de l'argent en échange d'une réponse favorable. C'est votre réponse qui m'a fait réaliser qu'en fait, je ne devrais pas compter sur l'Université pour me montrer le droit chemin dans la vie. Étudier pendant des années, perdre son temps, seulement pour finir dans un bureau avec un salaire plutôt génial, certes, mais qui ne me satisferait pas du tout parce que je n'arrive jamais à me brancher et faire un choix? Je préfère largement agir sur mes envies du moments, au jour le jour. De toute façon, d'ici quelques années, cette planète va se rebeller contre nous et, en situation de fin du monde, vous croyez vraiment que lui, là-haut, va faire du favoritisme basé sur le genre de voiture que vous conduisez? Je vous promets que non. Nous serons tous dans un système basé sur la loi du plus fort et je vous promets, je resterai debout jusqu'à la fin. Comme vous êtes probablement très intéressés de savoir ce que moi, candidate refusée, devient, je voulais vous assurer que tout va bien. Vous n'avez pas totalement gâché ma vie. D'ailleurs, cet argent sale que vous faites sur le dos de parents désespérés, je sais pertinement que votre mari l'investie dans l'entreprise pour laquelle je travaille. Je suis danseuse dans un club, je vends du rêve, moi aussi. La différence entre vous et moi, c'est qu'il n'y a pas de pré-sélection pour décider qui peut venir ou pas. Non, nous sommes tous égaux, en quête de quelque chose de plus fort et excitant que la routine ennuyante dans laquelle vous vivez. J'ai même ma propre chaine sur Youtube dans laquelle j'ouvre les yeux sur la réalité des femmes et des hommes dans mon milieu, où rien n'est tabou. J'espère en inspirer d'autres comme moi. Sur scène, c'est le sentiment le plus libérateur. C'est comme une drogue à laquelle je ne peux pas résister, cette attention dévouée qui me fait sentir si belle et libre. En même temps, je pourrais vous écrire un livre et il est évident que vous seriez là, avec votre exemplaire du dernier livre choisi par votre bookclub bidon, sans même essayer de comprendre que le futur, c'est ça, c'est vivre à toute vitesse avant qu'il ne soit trop tard. Sans rancune, promis. Je tenais simplement à vous faire réaliser la morale de cette histoire : je, Eleonora Morelli, pourrais facilement faire votre job à la perfection sans trop d'effort. Et vous, pouvez-vous en dire autant?

Allez, bisous!

Eleonora Morelli