Robert Anderson, dit Bobby

Pensez-vous être quelqu'un de bien ? : Absolument pas. Qui embrasse une autre femme alors qu'il est en plein préparatif de mariage ? Un connard, ni plus ni moins. Bobby s'en veut d'avoir fait cet écart et pourtant, cet écart est la chose qui a l'air le plus normal depuis le début de ce chaos. Est-ce qu'il est possible qu'une mauvaise action soit le début d'une révélation juste et logique ? Ta dernière bonne action ? : Il a donné dix dollars à ce guitariste à l'entrée du métro. En réalité, il lui donne tous les jours ses dix dollars quand  il se rend à la caserne. Ce musicien a toujours le sourire et parvient même à le lui donner quand sa journée a mal commencé. C'est lui le vrai héros . Tes plus gros pêchés ? : La gourmandise sans aucun doute. C'est un ventre sur pattes qui serait capable de vous relever chaque défi "buffet gratuit".

Ils étaient entre amis. Robert était assis dans le sofa, une bière à la main. Les hommes squattaient le salon alors que les femmes étaient dans la cuisine. On les entendait ricaner de ce cliché qu'ils vivaient. Qu'importe ! Bianca et Robert étaient en couple depuis plusieurs années. Plus jeune que lui, elle avait d'autres rêves que ceux du sapeur pompier, qui ne voulait qu'une vie tranquille et simple. Et c'est là qu'elle apparut dans le salon, devant lui. Il comprit aussitôt que quelque chose clochait, alors il jeta un coup d’œil à ses potes qui levèrent les mains d'un air innocent. Oh non ! « Qu'est ce ... » demanda-t-il en fronçant les sourcils. Et elle posa un genou à terre. Son sang ne fit qu'un tour et il ne put s'empêcher de sourire, un sourire amusé. Bianca avait toujours été la folie dans leur couple, le vent de folie. Elle prenait les décisions, elle organisait, elle bousculait ses principes et sa routine. Il l'aimait pour cette raison et parfois, elle le faisait paniquer. Elle avait des rêves trop gros, trop oppressants. Elle était le poisson qui voulait voir la mer, et lui était celui qui souhaitait rester dans son bocal. Elle sortit un écrin de la poche arrière de son jean et l'ouvrit tout en plongeant son regard dans le sien. « Robert Anderson, alias Bob, alias j'approche de la quarantaine à grands pas, voulez-vous m'épouser ? » Il attrapa son poignet et la tira vers lui dans un rire amusé. Tombant à la renverse sur lui, il enroula ses bras autour de sa minuscule taille pour l'embrasser. Apparemment, il acceptait. Il cédait à son grain de folie. Une fois de plus.  

***

Il avait encore le goût de ses lèvres sur les siennes, son parfum enivrant dans le cœur et son sourire marqué dans son esprit. Il l'avait embrassé, sans savoir pourquoi. Il l'avait embrassé, sans que l'un d'eux n'ait dit ou fait quoique ce soit. Elle avait ri à une blague idiote. Elle avait rire d'un rire franc et sincère … et il l'avait embrassé avant de s'excuser et de prendre ses jambes à son cou. Qu'est-ce qui lui avait pris ? Pourquoi est-ce qu'il l'avait embrassé ? Au volant de sa voiture, il tapotait le volant de cette dernière en s'insultant de crétin. Un crétin fini. Il avait Bianca dans sa vie. Ils étaient même fiancés. Il avait tout pour être heureux ; pourquoi venait-il tout balancer sur un coup de tête ? Était-ce seulement un coup de tête ou son âme lui criait d'arrêter ce mariage ? Était-ce la preuve formelle que tout cela allait beaucoup trop vite selon lui ? Il soupira avant de se garer devant leur maison. Il avait tout pour réussir. Tout. Il prit une profonde inspiration, se passa les mains sur le visage comme si cela allait lui retirer l'image de cette blonde aux yeux pétillants. Il jeta un coup d’œil dans le minuscule miroir situé au dessus de son volant. « Oublie ce faux pas. Ce n'était rien du tout. Rien. Du. Tout. Pas la peine d'en faire un drame. » dit-il à lui même en se regardant dans les yeux. Essayer de se convaincre que tout allait bien, que tout irait bien. Voilà sa solution. Il descendit de sa voiture avant de se diriger vers la porte d'entrée. La clef dans la serrure. Nouveau soupir. Il tourna la clef. La porte s'ouvrir. Nouveau soupir. Il referma la porte derrière lui, balança sa veste sur le porte manteau avant d'entendre Bianca chantonner une chanson tout en cuisinant. Elle était pied nu. Elle respirait la joie de vivre. Elle ignorait que le monde de Bobby venait de s'effondrer. Alors, il posa ses mains sur ses hanches, glissa sa tête dans le creux de son cou avant de l'enlacer fermement. Il fermait les yeux et essayait de remplacer les pensées qu'il avait par d'autres pensées. Un rire amusé s'échappa des lèvres de la brunette. « Est-ce qu'elle est bien rentrée ? Cette fille est un don du ciel ! Sans elle, je deviendrai folle avec l'organisation et la paperasse. » dit-elle tout en se dandinant au rythme de la musique. Son sang se glaçait. Un don du ciel. Elle ignorait. Elle ne savait pas. Il haussa les épaules, l'air faussement distant. « Don du ciel, tu exagères un peu, non ? » dit-il en s'appuyant contre le frigo. « Elle est sympa et sait de quoi elle parle, ça, c'est sûr. » Il esquissa un sourire amusé avant de se sortir une bière qu'il décapsula aussitôt. « Toi et ton pessimisme ! » poursuivit-elle avant de lui voler un baiser. « La semaine prochaine, je dois m'absenter pour quelques jours … Le boulot. On a peut-être un contrat avec la Chine et il faut absolument que je sois de la partie. » Ah … alors la bonne humeur venait de ce contrat potentiel. Sans doute. Il but une gorgée de sa bière avant de jeter un coup d’œil à son téléphone. Elle ne lui avait pas écrit. Pourvu qu'elle ne lui écrive pas, qu'elle n'en parle pas à Bianca … qu'ils n'en parlent plus jamais.